1958, c’est l’année d’arrivée de la nouvelle Corvette, une voiture de légende, et Maurice Richard est nommé athlète de l’année. Le budget du Québec se chiffre à 506 millions $. Il est aujourd’hui à 65 milliards $. Au printemps de cette année 58, Benoît Beauregard, commis de bureau dans une entreprise avicole, et son associé Guy Lauzon décident qu’ils ne sont pas nés pour un petit… poulet. Ils réunissent 50 000 $, somme gigantesque pour l’époque, achètent un garage à Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville, en Montérégie, et le transforment en abattoir de volailles. Québec Poultry vient de naître.
Cette entreprise sera le berceau de la marque Flamingo et le point de départ d’une aventure qui sera à l’origine du développement spectaculaire de l’industrie québécoise de la volaille.
C’est le 3 juin 1958 précisément, que la compagnie Québec Poultry amorce ses activités avec une vingtaine d’employés à St-Jean-Baptiste-de-Rouville. Le salaire horaire est alors de 0,60 $. La jeune firme met en marché des poulets, des chapons et des dindes. Elle produit 1,8 million de kilos de chair de volaille. En peu de temps, les ventes de Québec Poultry progressent en moyenne de 25 % par année, ce qui est un rythme enviable, mais infernal, et exige une somme de travail extraordinaire.
Le boom des années 60
Dès 1960, Québec Poultry prend de l’expansion. La jeune entreprise construit à Berthierville une nouvelle usine d’abattage et de transformation. Les propriétaires luttent avec les banques pour obtenir le financement et finissent par convaincre les plus récalcitrants. Pourquoi pas? Le début de la décennie 60 n’est-il pas, après tout, une période où tous les espoirs sont permis au Québec? Les premières années de cette décennie verront même l’inauguration du pont Champlain et de la Place Ville-Marie. On parle déjà de métro pour Montréal et d’Expo 67.
C’est aussi l’époque où les Québécois sortent de chez eux et découvrent de nouvelles chaînes de restaurants. Les associés de Québec Poultry vont rapidement saisir ces nouvelles tendances de consommation, comme l’appétit grandissant pour le poulet à griller, le fameux poulet BBQ. En 1957, Steinberg en vendait 100 000 pièces par semaine. Dès 1964, poussée par la vitalité de son marché, l’entreprise ouvre une troisième usine à Québec. La même année, le nom Flamingo et son fameux logo deviennent officiellement une marque déposée. Ils s’inspirent des souvenirs exotiques des séjours en Floride de Benoît Beauregard. Toujours en 1964, l’entreprise, qui a autant d’appétit pour les affaires que les Québécois en ont pour le poulet, acquiert Berthier Packers inc., dont le propriétaire, Maurice Touchette, devient du même coup actionnaire de Québec Poultry.
En 1965, l’entreprise achète une ferme d’élevage de 162 hectares (400 acres), à Saint-Paul-d’Abbotsford, près de Granby. Elle deviendra la plus importante ferme d’élevage de dindes et de dindons au Québec. Québec Poultry aménage également un centre avicole à Saint-Jean-Baptiste et ce complexe de ferme comprendra 12 bâtiments abritant chacun 21 000 poulets à griller, produit pour lequel la demande explose. Ce complexe produira 1 250 000 oiseaux par année.
Au fil des ans, l’usine de Saint-Jean-Baptiste étendra son réseau et d’autres établissements viendront s’ajouter à cette entreprise de plus en plus solide. Ses dirigeants vont acquérir des fermes d’élevage, mettre sur pied un laboratoire de recherche et des services techniques. Ils développeront leur réseau de distribution et seront des précurseurs dans le développement de produits de volaille transformés, ce qu’ils appelleront déjà avec prémonition : le prêt-à-servir. Au menu : roulé à la dinde et au poulet, poulet cuit, poulet fumé et autres délices.
Pionniers, ils inaugurent le concept de bien manger en sauvant du temps. En 1969, pour couronner une décennie de réussites, les associés de Québec Poultry mettent la main sur un centre d’achats de Sainte-Rosalie et le métamorphosent en usine de surtransformation de volaille. En 1970, soit 10 ans après sa création, la production de Québec Poultry passe de 1,8 million de kilos (4 millions de livres) de chair de volaille à plus de 68 millions. Pendant cette courte période, l’ancien garage de Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville s’est muté en cinq usines et plusieurs grandes fermes de recherches et de développement. De 20 personnes en 1958, l’entreprise compte plus de 1250 employés à l’aube des années 70. En 1958, le projet était modeste, mais l’ambition démesurée. En moins de 12 ans, Québec Poultry est devenue le fer de lance d’une nouvelle industrie de la volaille et Flamingo a le vent dans les ailes.
Entrée en scène de La Coop fédérée
Au début des années 70, la Coopérative fédérée de Québec (aujourd’hui La Coop fédérée) représente déjà un géant du mouvement coopératif très actif dans plusieurs secteurs. Le développement économique et démographique du Québec presse La Coop fédérée à poursuivre sa modernisation et à consolider ses activités.
En 1975, le fruit est mûr. L’achat de la compagnie Québec Poultry par La Coop fédérée permettra à cette dernière de passer de 12 % à plus de 50 % des parts de marché du poulet et du dindon au Québec. La Coop, déjà très diversifiée, ajoute donc à ses deux usines existantes, Marieville et Saint-Félix-de-Valois, les cinq usines de la société de Benoît Beauregard et de ses associés, soit celles de Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville, Sainte-Rosalie, Québec et deux usines situées à Berthierville. La Coop fédérée donne ainsi un élan formidable à son secteur avicole tout en continuant à faire fructifier l’héritage de Québec Poultry et de sa marque fétiche Flamingo. Alors que 20 ans auparavant, soit en 1955, les éleveurs de poulet produisaient 6,5 millions de poulets à griller, ce chiffre atteint un sommet de 75 millions en 1975. Désormais propriétaire de Québec Poultry, La Coop fédérée intensifiera la mécanisation des opérations ainsi que le développement de produits à valeur ajoutée.
En 1978, La Coop place sous une direction unique l’ensemble de ses activités avicoles. Le nom de Québec Poultry s’efface, francisation oblige et l’entité avicole devient Bexel. Jusqu’en 1985, cette division avicole de La Coop fédérée exploitera quatre abattoirs, une usine de surtransformation, un centre de distribution, un couvoir et quelques fermes d’élevage. Bexel fera l’acquisition de Galco Food Products Ltd, une entreprise de surtransformation de l’Ontario, qui lui permettra d’accroître d’une manière significative sa présence sur le marché de cette province.
En octobre 1991, La Coop et sa division avicole Bexel acquièrent la compagnie Tyson Canada Inc., son plus important compétiteur au Québec. Elle met la main sur deux usines d’Iberville, sur celles de Saint-Jean-sur-Richelieu, Saint-Félix-de-Valois, Saint-Damase, Joliette ainsi que sur Marvid Poultry de Montréal. S’ajoutent à ces établissements une série de fermes d’élevage et une meunerie. Tyson Foods, une société américaine de l’Arkansas, avait déjà pris le contrôle d’Agrimont, le deuxième transformateur de volaille du Québec. Agrimont était elle-même le résultat de la fusion, en 1987, d’une demidouzaine d’entreprises d’abattage et de découpe de volailles de la périphérie de Montréal. Grâce à cette acquisition, Bexel voit alors ses parts de marchés propulsées à 60 % au Québec. Son chiffre d’affaires dépasse désormais les 500 millions $ et le nombre de ses employés atteindra 2500 au Québec et en Ontario.
La nouvelle division avicole de La Coop fédérée devient, pour peu de temps, Volailles Unival pour changer de nom en 1993 et retrouver les racines de sa marque vedette, soit Aliments Flamingo. Peu à peu, l’entreprise se départit de ses quotas de production pour concentrer ses activités dans le domaine de la transformation.
Ce sera l’époque où s’imposent les nouveaux produits de la marque comme les ailes, les filets, les petites escalopes sous les noms de Festi-Bouffe et Festi-Santé.
En février 1998, La Coop fédérée regroupe les activités de transformation des viandes de porc et de volaille sous la direction unique d’Olymel, une société en commandite formée en 1991 et dont elle est propriétaire. En 2001, la SGF Soquia investira 50 millions $ dans Olymel en contrepartie de 17 % des actions de l’entreprise. En 2004, en vendant l’entreprise familiale Supraliment à Olymel, le Groupe Brochu se verra attribuer 20 % des actions de la société en commandite Olymel, La Coop fédérée demeurant aujourd’hui l’actionnaire majoritaire. Ces nouveaux investissements et les développements qui s’en suivent renforceront la place concurrentielle d’Olymel sur ses marchés et sa capacité de mettre en valeur ses marques, notamment Flamingo.
Flamingo : Un bipède qui résiste au temps
Le petit flamant rose de Floride de Benoît Beauregard a donc résisté à bien des hivers, bien des changements, bien des restructurations, même à l’incendie d’une usine et à la guerre du poulet Québec-Ontario qui fît rage au milieu des années 90. Il s’est également frotté avec succès à bien des concurrents.
Son arrivée dans la famille Olymel lui aura permis de faire des petits et de mieux s’adapter aux conditions changeantes des marchés et aux exigences des clients. En 2006, par exemple, Olymel-Flamingo lançait la nouvelle gamme de produits de volaille surgelée Nutrigo, viande blanche de poitrine de poulet ou de dindon, développée par une équipe de nutritionnistes en misant sur la saveur et les qualités nutritives. Avec ces nouveaux produits précuits au four et non dans l’huile, source d’oméga-3, faibles en gras saturés et sans aucun gras trans, Flamingo démontre qu’elle sait évoluer avec son temps. Tout au long de son histoire, cette marque s’est distinguée par la qualité et la variété de ses produits. Croquettes, bâtonnets, pépites, doigts, lanières, languettes, burgers, escalopes, grillades de poulet, morceaux de poulet frit, charcuteries de poulet de dindon à faible teneur en matière grasse comme des cretons, bologne, rôtis, roulés et pain de viande, poitrines et filets de dindon fumés sont autant de déclinaisons Flamingo et autant de raisons de ses succès auprès des consommateurs. Les produits de la gamme Flamingo se sont d’ailleurs plusieurs fois mérité des récompenses internationales comme, entre autres, un SIAL d’or au Salon de l’alimentation de Paris et le titre du meilleur produit de l’année de Sodexo, un réseau d’alimentation des secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et des institutions.
Le petit flamant rose : Vedette de la table des Québécois
Tout au long de son histoire, la marque Flamingo s’est imposée pour devenir en quelque sorte un symbole par excellence des produits de volaille et occuper une place privilégiée sur la table des Québécois et dans la cuisine des familles. Des années 60 à nos jours, l’explosion de la télévision va permettre au petit flamant rose de prendre du volume et de tenir une place encore plus importante au menu des familles et sur les tablettes des supermarchés. À l’ère des médias de masse, des efforts de marketing soutenus ont également accru la notoriété du petit flamant au fil des ans.
Son histoire publicitaire commence à la fin des années 60 avec le Congrès des poulets Flamingo pour se poursuivre avec les Poulets bien élevés. Toujours au petit écran, la célèbre comédienne, Juliette Huot, fera saliver les téléspectateurs lorsque dans sa cuisine, elle nous parlera avec amour de sa Dinde bien taillée. L’arrivée de nouveaux produits permettra à Flamingo d’élargir sa carrière publicitaire jusqu’à nos jours, autour de thèmes comme De la ferme à la table, On nourrit vos bons moments, La fête est servie et Pour que chaque repas soit une fête.
Olymel et Flamingo : Un long avenir en commun
En 2008, Olymel ne possède plus de fermes ou de quotas. L’entreprise transforme sous la marque Flamingo plus de 50 % des poulets élevés au Québec et 70 % des dindons. Olymel et Flamingo sont inséparables et représentent une facette majeure d’une industrie de la volaille moderne et dynamique. En 20 ans, la consommation de poulet des canadiens a augmenté de 80 %. Selon les plus récentes données, les Canadiens consomment des produits de poulet 8,4 fois par mois. Flamingo continuera longtemps de les accompagner. Les activités d’Olymel dans le secteur de la volaille se concentrent dans le domaine de l’abattage, de la découpe, de la transformation et de la surtransformation, qu’il s’agisse de poulet ou de dindon. Aujourd’hui, le petit flamant rose occupe quatre usines d’abattage et de découpe et quatre autres établissements qui se consacrent à la surtransformation des produits de volaille. Les produits Flamingo procurent de l’emploi direct à plus de 3000 personnes.
Les établissements de l’entreprise traitent un volume de 1,7 million de volailles par semaine. Sur le plan de l’approvisionnement, Olymel entretient des relations étroites avec les producteurs et s’assure d’un contrôle rigoureux de la qualité et de la traçabilité. Elle participe à plusieurs programmes de recherche de La Coop fédérée, dans le but d’améliorer sans cesse la qualité des viandes. L’entreprise est à la fine pointe des techniques de conservation, de manutention et d’entreposage de ses produits. Elle procède quotidiennement à un contrôle sévère des procédés, au maintien de la chaîne de froid, à la santé et à la sécurité de ses employés tout autant qu’à l’innocuité et à la qualité de ses produits. C’est donc une organisation complexe et efficace qui est mise au service de la marque Flamingo. Olymel applique les normes internationales les plus élevées en matière d’innocuité. À ce chapitre, toutes ses usines disposent de la certification HACCP permettant l’analyse des risques et le contrôle des points critiques et dont l’application des normes est placée sous la supervision de l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Olymel-Flamingo est dotée d’une équipe de recherche et de développement composée de scientifiques, de nutritionnistes et d’experts de la microbiologie et du génie. L’entreprise exploite deux centres de recherche appliquée en usine et collabore régulièrement avec des organisations de recherche externes.
La qualité, de la ferme au client et jusqu’à la table
C’est donc autant la vision des premiers pionniers de l’industrie de la volaille, comme Benoît Beauregard et ses associés, l’engagement des producteurs envers la qualité de l’élevage, l’entrepreneuriat de La Coop fédérée, de ses membres et de l’ensemble des actionnaires d’Olymel, le dévouement, l’expertise et le talent des dirigeants et des employés de l’entreprise qui nous permettent aujourd’hui de souffler les 60 bougies de Flamingo. Depuis 60 ans, tous ceux et celles qui ont été associés à l’histoire de Flamingo ont contribué à la construction d’une organisation moderne, durable, capable de traverser les générations, de maîtriser les changements et de conserver la fidélité et la confiance de la clientèle et des consommateurs.
Dans un monde qui change à la vitesse grand V, les défis ne manquent pas. Le premier consiste à maintenir ce qui a fait de Flamingo plus qu’une tradition de 60 ans, un véritable gage de qualité. Olymel a la responsabilité de faire vivre la marque Flamingo. Dans ce contexte, elle conçoit comme une priorité la satisfaction des exigences de sa clientèle partout au Canada. Qu’il s’agisse des grandes chaînes de distribution ou de restauration, chacun exige des caractéristiques dans la coupe, le poids ou la présentation des produits. Le but consiste à répondre le plus rapidement possible aux tendances et au goût recherchés par les consommateurs. Respecter les attentes de ses clients sans faire de compromis sur la qualité demeure aujourd’hui l’objectif numéro un de toute la chaîne de l’organisation.
Le meilleur cadeau que Flamingo puisse recevoir en cette année d’anniversaire, c’est la reconnaissance de ses clients. Flamingo entreprend donc cette nouvelle décennie avec la volonté ferme de tout mettre en oeuvre pour les rendre heureux.